L’egotrip dans le rap : faut-il être mégalo pour percer ?

 

 

Depuis ses débuts, le rap s’est construit sur l’affirmation de soi. Entre punchlines tranchantes et posture de vainqueur : l’ego trip est partout. Il a permis aux artistes de reprendre le pouvoir sur leur narration. Dire "je suis le meilleur" quand personne ne croit en toi, c’est déjà une révolution.





L’ego trip : du modèle américain au style français

  • Un héritage américain devenu global: De Rakim à Kanye West, en passant par Nas, Jay-Z ou Lil Wayne, l’ego trip est au cœur de la culture hip-hop. Il s’agit autant d’un exercice de style que d’un cri d'existence. Quand le monde te nie, tu te proclames roi. L'Europe, et notamment la France, a hérité de cette posture. Booba en est sans doute la figure la plus emblématique : mégalo, provocateur, mais toujours stratège.


  • De Booba à Shay : l’école de la posture: Booba n’a jamais cessé de sculpter son trône à travers ses textes. Chez Shay, héritière belge de cette tradition, l’ego trip prend une dimension féminine et puissante. "Il y a quelque chose de fort dans l'ego trip, quand tu rappes sur toi, pour toi", disait-elle en interview. 


Jeu de rôle ou quête de sincérité ?

  • Les alter egos : masque ou bouclier ? Rares sont les rappeurs qui n'ont pas construit un alter ego. Kendrick Lamar, avec ses multiples personas (K.Dot, Kung Fu Kenny, Oklama...), en est un maître absolu. Il joue avec ces identités pour dire des vérités plus crues, plus complexes. Kay The Prodigy, rappeuse française, évoque même avoir "trois identités" artistiques qu’elle explore à chaque son.


Un spectacle taillé pour 2025

  •  L’ère de la surperformance: À l’ère des réseaux, du streaming, et des concerts géants, le rap est devenu un spectacle total. L’ego trip y trouve un terrain fertile. Grosses chaînes, punchlines virales, clips ultra travaillés : les rappeurs jouent avec leur image comme jamais.


  • Kendrick Lamar et le clash comme affirmation suprême: L’album surprise GNX de Kendrick Lamar en 2024 en est l’illustration parfaite. Entre ego trip, règlements de comptes et introspection, il maîtrise tous les codes pour briller dans un rap qui oscille entre affirmation et distance critique.

Le mythe du "best rapper alive"

  • Prouver sa valeur quand personne ne te la reconnaît: Dans le rap, se proclamer "best rapper alive" n’est pas juste une provocation gratuite. Depuis que Lil Wayne a popularisé la formule au sommet de sa carrière avec Tha Carter III, elle est devenue un marqueur de confiance. Et dans un milieu où il faut sans cesse prouver sa valeur, s’auto-proclamer numéro un, c’est parfois la seule manière d’exister, surtout quand les médias ou l’industrie ne te donnent pas la place que tu mérites.


  • G Herbo,  l’assurance brute d’un survivant: Quand G Herbo balance en 2023 sur Instagram "Je me sens vraiment comme le meilleur rappeur vivant", il ne fait pas que jouer un rôle. Il exprime une vérité personnelle forgée dans la douleur. Grandir dans les rues les plus dures de Chicago, où le taux d’homicide explose, ça laisse des marques. Herbo vient d’un endroit où survivre est déjà un exploit. Alors, affirmer haut et fort son excellence n’est pas un caprice, mais une revanche. Ce qu’il revendique, c’est autre chose : une authenticité brute, une technique solide…

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