La musique, comme beaucoup d'autres domaines artistiques, est traversée par une pression silencieuse mais persistante : celle de réussir jeune. À l'ère des réseaux sociaux où l’on voit chaque semaine de nouveaux talents "exploser" à 18 ou 20 ans, nombreux sont les artistes qui ressentent une forme de FOMO (Fear of Missing Out). Une peur sourde de rater leur chance s’ils ne "percent" pas rapidement.
Mais cette vision est non seulement réductrice, elle est aussi déconnectée de la réalité de nombreuses carrières artistiques solides, celle de Kaaris en est un exemple frappant.
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La pression du "succès précoce"
On entend souvent : “Si tu n’as pas percé à 25 ans, tu es foutu.” Cette idée, entretenue par des récits médiatisés de jeunes prodiges, sape la motivation de milliers d’artistes en développement. Elle pousse à la comparaison permanente, à la course contre la montre, et parfois à des choix artistiques guidés plus par la peur de l’oubli que par la sincérité.
La FOMO n’est pas juste une angoisse individuelle : elle se nourrit d’un écosystème où les chiffres de vues, les “buzz” viraux et les signatures précoces avec des labels deviennent des critères de réussite incontournables.
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Kaaris : un contre-exemple qui casse le mythe
Le rappeur Kaaris est souvent cité pour son morceau "Zoo", sorti en 2013. Ce titre a véritablement propulsé sa carrière. Ce que beaucoup oublient : Kaaris avait déjà 33 ans à ce moment-là.
Avant "Zoo", il avait traversé une période d’essais, d’échecs, d’auto-production, et même une pause musicale. Ce n’est qu’après cette longue maturation artistique et personnelle qu’il trouve sa signature sonore en collaboration avec le producteur Therapy. Le succès fulgurant de "Zoo" et de l'album "Or Noir" n’est pas le fruit d’un coup de chance de jeunesse, mais le résultat d’une construction sur le long terme.
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Percer jeune n’est pas la seule voie, ni la plus saine
Pour chaque artiste qui explose à 18 ans, combien construisent lentement, sur plusieurs années, une œuvre cohérente et une vraie base de fans ? Des artistes comme Vald, SCH ou Laylow n’ont pas connu le succès national immédiat à l’adolescence. Leurs carrières ont progressé par étapes.
L’âge n’est pas un facteur limitant en soi. Ce qui compte, c’est la vision, la constance et l’authenticité. Les artistes qui durent sont rarement ceux qui ont tout brûlé à 19 ans, mais ceux qui ont compris, tôt ou tard, pourquoi ils faisaient de la musique.
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Conclusion : la vraie réussite n’a pas d’horloge
La FOMO de percer jeune repose sur une illusion : que le succès n’arrive qu’une seule fois, et seulement dans la jeunesse. Or, des carrières solides peuvent démarrer tardivement, et souvent, avec bien plus de recul, de stabilité et de maîtrise.
Percer à 30 ans, à 35 ans, ou même après, n’est pas un échec. C’est parfois le bon moment. Et comme le prouve Kaaris avec "Zoo", mieux vaut percer quand on est prêt, que de brûler ses cartouches dans la précipitation.