L’originalité en musique est-elle devenue une illusion ? Avec plus de 100 millions de titres disponibles sur les plateformes de streaming comme Spotify ou Apple Music, on pourrait penser que tout a déjà été fait. Pourtant, en 2025, la question reste ouverte, complexe, et passionnante.
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Des millions de chansons, des structures familières
La musique populaire repose souvent sur des schémas récurrents : accords I–V–vi–IV, formats couplet-refrain, tempos dansants ou ballades lentes. Une étude menée par des chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres (2012) a révélé que la diversité harmonique dans la musique pop avait tendance à diminuer au fil du temps. En clair : de plus en plus de chansons se ressemblent.
Ce phénomène n’est pas nouveau. Dès les années 60, des artistes comme Bob Dylan ou The Beatles s’inspiraient de musiques folk, blues, ou indiennes. Ce n’était pas copié, mais réinterprété. L’inspiration a toujours été au cœur du processus créatif musical.
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L'impact des algorithmes et de l’IA
En 2025, l’intelligence artificielle joue un rôle croissant dans la production musicale. Des outils comme Boomy, AIVA ou Endlesss permettent de générer des morceaux en quelques clics, parfois de qualité professionnelle.
Si cela facilite la création, cela uniformise aussi certaines productions, surtout quand les artistes cherchent à « plaire aux algorithmes » des plateformes. Le résultat ? Une homogénéisation des sons pour maximiser les chances d’être recommandé.
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Remix, sampling, hyperpop : de nouvelles formes d’originalité
Mais cela ne signifie pas que l’originalité a disparu. Elle a simplement changé de visage.
Des genres comme la hyperpop, le plugg, ou le deconstructed club brisent les codes traditionnels. Ils mélangent autotune excessif, distorsions, rythmes chaotiques et influences rétro ou cyberpunk. Ces sons, déroutants pour certains, sont perçus comme novateurs pour d'autres.
Le sampling, très utilisé dans le rap ou l’électro, montre aussi que l’originalité peut résider dans la manière de transformer l’existant. Le morceau « Bound 2 » de Kanye West, par exemple, réinterprète un vieux titre soul avec une touche moderne.
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L’originalité, une question de perception ?
Ce qui est original pour un auditeur peut sembler déjà vu pour un autre. Le contexte culturel, l’âge ou l’exposition à certains genres influencent notre ressenti. Un ado découvrant Nirvana en 2025 peut être bouleversé par « Smells Like Teen Spirit », même si ce titre date de 1991.
Conclusion : oui, mais autrement
En 2025, il est toujours possible d’être original en musique, mais plus par invention pure que par réinterprétation créative, hybridation ou audace esthétique. Il ne s’agit plus de tout réinventer, mais d’apporter une voix, une perspective ou une émotion singulière.
L’originalité n’est peut-être plus dans les notes elles-mêmes, mais dans l’intention, le mélange, et l’audace de sortir du cadre.