Dans un paysage musical en constante évolution, de plus en plus de rappeurs décident de prendre leur carrière en main en créant leur propre label ou plateforme digitale. Un moyen de rester indépendant, de contrôler leur art et parfois même de devenir dénicheurs de talents. Focus sur ceux qui ont décidé de bâtir leur propre empire, loin des circuits traditionnels.
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Luidji et Foufoune Palace : l’indépendance comme ADN
Le rappeur Luidji est l’un des exemples les plus parlants de cette tendance. Il a cofondé Foufoune Palace, un label indépendant qui réunit des artistes comme Mo, Pee, Rémy, Ryan ou encore Tuerie. Mais Foufoune Palace n’est pas juste un label : c’est une véritable équipe artistique où chacun a un rôle bien défini.
Mo gère les aspects juridiques et administratifs, Rémy travaille sur le marketing et l’image, tandis que Luidji reste maître de la direction artistique. Ce modèle leur permet de fonctionner comme une entreprise créative, soudée, libre, et proche de son public. Un vrai contre-pied aux majors, souvent accusées de lisser les projets.
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Alpha Wann et Don Dada Records : liberté totale
Alpha Wann, ancien membre de 1995, a fondé Don Dada Records en 2013 avec ses proches collaborateurs. Ce label lui a permis de sortir ses projets (dont l’album culte “Une main lave l’autre”) en totale indépendance, tout en cultivant une esthétique singulière.
Le label s’étend même au textile avec la marque Don Dada Athletics, preuve que l’indépendance musicale peut s’accompagner d’une stratégie lifestyle cohérente. Chez Alpha Wann, chaque détail compte, et cette liberté créative serait difficilement compatible avec une major classique.
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Booba et OKLM, puis Sublife: l'évolution d’un empire
En 2014, Booba lance OKLM, un projet ambitieux qui dépasse le simple cadre du label. OKLM, c’est un site web, une radio, une chaîne YouTube, et un label à part entière. Booba y signe et met en avant des artistes comme Siboy, Benash ou Bramsito.
OKLM a surtout marqué l’industrie en créant un média 100 % rap, contrôlé par un artiste, sans passer par les médias traditionnels. Une manière de diffuser sa vision du rap, de prendre la parole quand il le souhaite, et de façonner ses propres règles. Même si la plateforme n’est plus active, elle a laissé une empreinte forte sur la décennie 2010-2020.
En 2024, Booba revient avec un nouveau label : Sublife
En 2024, Booba a annoncé la création de SubLife, un label dédié à la house et aux musiques électroniques. Présenté lors du festival Golden Coast à Dijon, ce projet reflète l'éclectisme musical de l'artiste, qui souhaite rassembler des talents français et américains autour de ce nouveau label.
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Maes et 0.9 Music : miser sur l’avenir
En 2020, le rappeur Maes annonce la création de son propre label, 0.9 Music, avec la signature de deux premiers artistes : Sotof et Siriki. Ce move stratégique lui permet de construire un vivier de talents tout en gardant un œil sur la relève.
0.9 Music est encore jeune, mais symbolise parfaitement cette volonté des rappeurs de ne plus être simplement des interprètes, mais aussi des entrepreneurs dans l'industrie musicale.
Conclusion : vers un rap plus libre et plus audacieux
La création de labels et de plateformes digitales par des rappeurs marque une vraie évolution dans l’industrie musicale. Entre indépendance artistique, stratégies business, et nouvelles manières d’interagir avec le public, ces initiatives redéfinissent les règles du jeu.
Et une chose est sûre : à mesure que le rap se professionnalise, les artistes les plus visionnaires continueront de bâtir des structures à leur image, sans attendre l’aval des majors.