Métadonnées : Vous pensiez que la cérémonie des Flammes est la première cérémonie dédiée au rap et aux cultures populaires en France ? Et bien détrompez vous car la France n’en est pas à son coup d’essai en matière de cérémonies qui célèbrent le rap et la culture hip-hop. Retour sur la place du rap dans les cérémonies musicales en France.
Le 11 mai 2023 le théâtre du Châtelet accueille la 1ère cérémonie des Flammes, cérémonie musicale qui se veut mettre à l'honneur les “cultures populaires”. Par cultures populaires, on entend les cultures issues des milieux populaires et des diverses diasporas. Ainsi, on retrouve des genres musicaux multiples comme le rap, r’n’b, le zouk, le kompa, l’afrobeats, le ndombolo,etc. À l'initiative de ce projet, on trouve deux médias devenus incontournables dans le paysage musical français : Booska-P et Yard. Loin d’adopter une posture misérabiliste, ceux-ci décident de collaborer pour valoriser les cultures populaires Bien que certains considèrent Les Flammes comme la “première cérémonie qui célèbre la musique urbaine”, cette initiative est en réalité le résultat de nombreuses tentatives infructueuses. Cet article propose un retour sur la place d’une forme de “musique populaire”, le rap, dans les cérémonies musicales en France.
Les Victoires de la Musique : la cérémonie musicale de référence
Lorsqu’on parle de cérémonie musicale en France, le premier nom qui nous vient à l’esprit est sans doute celui des Victoires de la Musique. Créée en 1985, cette cérémonie dédiée aux productions musicales françaises s’est progressivement imposée comme l’instance de consécration musicale dans le pays. Le problème étant que le rap, rnb ou autres genres issus des cultures populaires ont souvent été relégués au second plan au profit de la variété française.
À commencer par l’appellation des différentes catégories récompensant ces musiques : “Album rap ou groove de l’année (1999), “Album rap, reggae ou groove de l’année” (2000-2001), “Album rap, ragga, hip-hop, r’n’b de l’année” (2006), “Album de musiques urbaines de l’année” (2007-2019). En effet, jusqu’en 2019, une même catégorie regroupait des genres hétéroclites comme le reggae, le r’n’b, le rap, qui partagent certes des similitudes, mais restent des genres distincts. Malgré les récompenses obtenues par certains rappeurs comme Saïan Supa Crew, Doc Gyneco, MC Solaar ou Oxmo Puccino, une partie du rap restait peu, voire pas du tout représentée. Aujourd'hui, les catégories sont plus généralistes et ne visent pas un répertoire musical spécifique, bien que les rappeurs soient souvent récompensés dans la catégorie du “Titre le plus streamé”.
L’année 2024 a cependant été plutôt favorable au rap lors des Victoires de la Musique. Les prix de révélation masculine, meilleur concert, création audiovisuelle, artiste féminine et artiste masculin, ont été remportés respectivement par Yamê, Damso pour Qalf Tour, Shay pour Commando, Aya Nakamura et Vianney. Après le succès de la cérémonie des Flammes, les Victoires de la Musique commencent peut-être à reconnaître la place du rap dans leur cérémonie.
Les cérémonies Hip-Hop en France : des échecs précurseurs
Face au traitement particulier du rap par les Victoires de la Musique, plusieurs acteurs ont tenté, dès les années 2000, de créer leur propre cérémonie dédiée au rap et à la culture hip-hop. C’est ainsi qu’en février 2007, la chaîne télévisée Virgin 17 produit la première cérémonie dédiée au Hip-Hop français : L’Année du Hip-Hop. La cérémonie, animée par l’humoriste Yassine Belattar, se tient à l’Olympia et est diffusée sur Europe2TV. Elle accueille plusieurs artistes de renom comme Diam’s, La Fouine, Oxmo Puccino, Faf la rage, Kery James pour des performances live. Au-delà du rap, c’est la culture hip-hop dans son intégralité qui est célébrée. En effet, les catégories récompensées vont du meilleur artiste rap, à la meilleure troupe de danse en passant par les meilleurs graffeur et DJ. Toutes les disciplines du Hip-Hop sont représentées, auxquelles s’ajoute la catégorie “Meilleur artiste r’n’b’”. Mais la cérémonie L’Année du Hip-Hop s’arrêtera au bout de sa seconde édition.
Cinq ans plus tard, en 2013, une nouvelle cérémonie voit le jour : Les Trace Urban Music Awards. Diffusée sur la chaîne Trace Urban et co-animée par Issa Doumbia, la cérémonie se déroule au Trianon. Une fois encore, comme sa prédécesseure, Les Trace Urban Music Awards ne dureront pas plus de deux éditions.
Conclusion
La cérémonie des Flammes, en honorant les cultures populaires, marque un tournant dans la reconnaissance et la valorisation des musiques issues de ces cultures - les musiques afro-caribéennes, le rap, le r’n’b - en France. Bien que des tentatives de cérémonies précédentes ne soient pas parvenues à s’implanter dans le temps, l'initiative de Booska-P et Yard semble ouvrir la voie vers une nouvelle dynamique. Celle de la célébration et de la valorisation des cultures populaires par les acteurs issus de ces cultures.