User centric vs artist centric : quel est le meilleur modèle pour les artistes ? 🎵

 

Le streaming musical est devenu le mode de consommation dominant de la musique dans le monde. Selon l’IFPI, le streaming a représenté 62,1% des revenus de l’industrie musicale en 2020, soit une croissance de 19,9% par rapport à 2019. Mais comment les artistes sont-ils rémunérés par les plateformes de streaming ? Quels sont les avantages et les inconvénients des différents modèles de répartition des revenus ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Qu’est-ce que l’user centric et l’artist centric ?

Le modèle actuel de rémunération du streaming musical est basé sur le principe du pro rata. Cela signifie que les revenus générés par les abonnements et la publicité sont répartis proportionnellement au nombre d’écoutes de chaque artiste sur la plateforme. Ainsi, plus un artiste est écouté, plus il reçoit une part importante du gâteau. Ce modèle favorise les artistes les plus populaires, qui bénéficient d’une large exposition médiatique et d’une forte présence dans les playlists éditoriales ou algorithmiques.

Le modèle alternatif, qui est défendu par certains acteurs de l’industrie musicale, notamment Deezer, est le user centric. Ce modèle consiste à répartir les revenus générés par chaque abonné ou utilisateur en fonction de ses écoutes personnelles. Ainsi, chaque abonné ou utilisateur soutient directement les artistes qu’il écoute, sans tenir compte des écoutes globales de la plateforme. Ce modèle favorise les artistes de niche, qui ont un public fidèle et engagé, mais qui sont moins exposés que les artistes mainstream.

Un autre modèle, qui a été récemment proposé par Universal Music Group et Deezer, est l’artist centric. Ce modèle consiste à appliquer un double boost aux artistes qui reçoivent au moins 1 000 écoutes mensuelles de la part d’au moins 500 auditeurs uniques, et qui sont recherchés activement par les utilisateurs. Ce modèle vise à récompenser les artistes professionnels, qui ont une certaine notoriété et qui suscitent l’intérêt des auditeurs, tout en écartant les contenus non-musicaux ou frauduleux.

Quels sont les impacts de ces modèles sur les artistes ?

Les partisans du user centric affirment que ce modèle est plus équitable et plus transparent que le pro rata, car il reflète mieux les choix et les préférences des auditeurs. Ils estiment que ce modèle permettrait de réduire les inégalités entre les artistes, de valoriser la diversité musicale et de soutenir la création artistique. Ils s’appuient sur des études, comme celle du Centre National de la Musique, qui montrent que le user centric aurait un impact positif sur les revenus de la majorité des artistes, notamment ceux qui sont émergents ou indépendants.

Les partisans du pro rata, quant à eux, affirment que ce modèle est plus simple et plus efficace que le user centric, car il suit la logique du marché et de la demande. Ils estiment que ce modèle permet de maximiser les revenus globaux de l’industrie musicale, de stimuler la compétitivité entre les artistes et de favoriser la découverte musicale. Ils s’appuient sur des études, comme celle de Spotify, qui montrent que le user centric aurait un impact négligeable sur les revenus de la plupart des artistes, voire négatif pour certains.

Les partisans de l’artist centric, enfin, affirment que ce modèle est plus adapté et plus innovant que les deux autres, car il prend en compte la qualité et l’engagement des écoutes. Ils estiment que ce modèle permet de revaloriser la musique des artistes professionnels, de remettre l’écoute active au cœur de l’équation et de lutter contre la fraude au streaming. Ils s’appuient sur des simulations, comme celle de Deezer, qui montrent que l’artist centric aurait un impact significatif sur les revenus des artistes qui dépassent les seuils requis, tout en préservant les revenus des autres.

Quel est le meilleur modèle pour les artistes ?

Il n’existe pas de réponse unique à cette question, car chaque modèle présente des avantages et des inconvénients, selon le point de vue adopté. Le choix du modèle dépend donc des objectifs et des valeurs que l’on souhaite promouvoir dans l’industrie musicale. Est-ce la justice, la diversité, la qualité, la compétitivité, l’innovation, ou autre chose ? Il dépend aussi des données et des méthodes utilisées pour mesurer l’impact de chaque modèle, qui peuvent varier selon les sources et les hypothèses.

Ce qui est certain, c’est que le débat sur le modèle de rémunération du streaming musical est loin d’être clos, et qu’il nécessite une concertation entre tous les acteurs de l’industrie musicale : artistes, labels, distributeurs, éditeurs, sociétés de gestion collective, plateformes, etc. Il nécessite aussi une information et une sensibilisation des auditeurs, qui sont les premiers concernés par ce sujet, et qui ont le pouvoir de soutenir les artistes qu’ils aiment, en les écoutant, en les partageant, en les suivant, ou en les achetant.

Pour en savoir plus sur l’user centric et l’artist centric, vous pouvez consulter les liens suivants :

 

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